Fintecture réinvente le paiement par virement

Fintecture réinvente le paiement par virement

Mise à jour : 20 octobre 2025 Temp de lecture : 4 min

À l’heure où les paiements en ligne se multiplient, notamment dans le commerce BtoB, certaines limites persistent : plafonds de carte, taux d’échec, frais élevés. Pour y remédier, Fintecture, établissement de paiement agréé par la Banque de France, propose une alternative basée sur le virement.

Son CEO et co-fondateur, Faysal Oudmine, revient pour FinMag sur la genèse du projet, les enjeux de sécurité, le partenariat stratégique avec la DGFIP et les ambitions européennes de la fintech.

Fintecture réinvente le paiement par virement

Pouvez-vous nous présenter Fintecture et ce qui fait la spécificité de votre solution de paiement ?

Fintecture est un établissement de paiement agréé, et président de l’Association française des établissements de paiement et de monnaie électronique depuis le début de l’année. Nous proposons un mode de paiement complémentaire à la carte, pensé pour des transactions de montants élevés, notamment dans le BtoB.

Le montant moyen d’une transaction par carte en France est d’environ 50 €, tandis que celui de Fintecture atteint 1 500 €. C’est une différence majeure. La carte bancaire atteint vite ses limites pour des raisons techniques et de gestion du risque : plus le montant augmente, plus le taux d’échec grimpe. À partir de 1 000 €, près d’un tiers des paiements sont rejetés une première fois, et au-delà de 2 000 €, on dépasse la moitié des transactions échouées. Pour un commerçant, c’est une perte directe de chiffre d’affaires.

Fintecture permet de faire aboutir ces paiements à fort montant, là où la carte échoue. Notre technologie repose sur le virement, avec une confirmation immédiate au marchand, comme avec une carte, mais sans ses contraintes.

Nous travaillons principalement avec les grands marchands, en France et en Europe, qui recherchent des solutions fiables et puissantes pour des encaissements importants et offrons  une solution multicanale : en ligne, en magasin, sur facture et sur devis.

Comment est née l’idée de Fintecture ?

L’idée s’est construite progressivement. Contrairement aux récits un peu romancés des « success stories », ce n’est pas né d’un déclic soudain, mais d’une écoute attentive des besoins clients.

Avec la DSP2, les banques ont ouvert leurs systèmes via des API. Nous avons vu là une opportunité d’innovation dans un secteur jusque-là dominé par le duopole des réseaux de cartes. Très vite, nous avons constaté que les cartes fonctionnaient bien pour les petites transactions, mais rencontraient des difficultés pour les montants élevés, en raison de limites liées à la gestion du risque de fraude.

Les paiements par carte sont très peu riches en données, ce qui les rend rapides et scalables, mais difficiles à sécuriser. Fintecture, au contraire, collecte beaucoup plus d’informations (nom du compte payeur, métadonnées, contexte marchand et bancaire), ce qui nous permet de mieux évaluer le risque et d’autoriser des montants beaucoup plus élevés en toute sécurité.

Vous évoquez la question de la fraude. En quoi Fintecture apporte-t-elle des garanties particulières sur ce plan ?

La fraude et le paiement sont les deux faces d’une même pièce : il n’y aurait pas besoin de systèmes de paiement s’il n’y avait pas de fraude. Les commerçants paient des commissions pour avoir la garantie que les fonds qu’ils reçoivent sont sûrs.

Statistiquement, le taux de fraude sur Fintecture est dix fois inférieur à celui observé sur les paiements par carte. La fraude existe toujours, le plus souvent sous la forme d’ingénierie sociale, où un fraudeur se fait passer pour un banquier afin de tromper l’utilisateur, mais notre système permet d’intervenir plus efficacement.

Nous connaissons l’identité du compte émetteur, et nous pouvons bloquer une transaction suspecte avant qu’elle parte, voire la renvoyer vers le compte d’origine après coup. Cela nous donne un avantage en matière de sécurité.

Vous venez d’annoncer avoir gagné l’appel d’offres de la DGFIP pour l’encaissement des taxes locales : que représente cette victoire pour Fintecture ?

C’est un tournant majeur. Depuis notre création il y a cinq ans, nous avons traité plus de 6 milliards d’euros de transactions, dont 3,4 à 3,5 milliards cette année seule, avec une croissance annuelle de 60 à 70 %.

Remporter l’appel d’offres de la DGFIP, c’est une reconnaissance institutionnelle et un accélérateur d’adoption. Historiquement, les systèmes de paiement gagnent leur légitimité lorsque l’État les adopte pour le paiement des taxes : c’est ce qui transforme un moyen d’échange en véritable monnaie d’usage.

Dans notre cas, Fintecture sera utilisé pour encaisser les factures publiques émises par des organismes publics tels que hôpitaux, cantines scolaires, crèches, services municipaux, services d’eau ou d’assainissement…auprès de de 72 000 bénéficiaires publics. Ce partenariat ancre durablement l’initiation de paiement dans la vie quotidienne des Français et des entreprises.

Quels sont vos objectifs pour les prochaines années ?

Nous voulons devenir le leader européen des solutions de paiement pour les marchands. Dans ce secteur, 1 % des commerçants génèrent 80 % des volumes de paiement. Nous avons donc toujours ciblé ces grands comptes, et avons eu de la chance qu’ils nous aient fait confiance.

Nous opérons dans une dizaine de pays européens, principalement dans la zone euro. La France reste notre principal marché, car nous avons privilégié une croissance rentable. Plutôt que d’ouvrir de nouveaux pays à grands frais, nous travaillons avec de grands marchands français déjà présents à l’international.

Cette stratégie nous permet d’élargir progressivement notre empreinte européenne tout en maîtrisant nos coûts.

Le partenariat avec la DGFIP va renforcer la notoriété de l’initiation de paiement, et nous ouvrons en parallèle notre technologie en marque blanche. Dès l’année prochaine, une grande banque française distribuera Fintecture sous sa propre marque, et nous prévoyons de conclure d’autres partenariats similaires.

Si vous voulez avoir plus d’informations sur Fintecture, leur site est accessible https://www.fintecture.com/ et vous pouvez les suivre sur https://fr.linkedin.com/company/fintecture

Marie-Ange Nodar
Écrit par
Marie-Ange Nodar est rédactrice de contenu pour FinMag, et est l’auteure de plus de 250 publications dans le domaine de la finance et des assurances en France. Au travers de ses interviews exclusives, elle transmet des conseils pratiques pour les professionnels et les particuliers souhaitant mieux comprendre et gérer leurs finances. Marie-Ange est titulaire d’un diplôme spécialisé en commerce international, et a vécu 8 années en Allemagne, avant de revenir s’installer en France.