Onbrane, révolutionner la dette à court terme

Mise à jour : 6 mai 2025 Temp de lecture : 5 min

Pascal Lauffer, cofondateur et CEO de Onbrane, présente au micro de FinMag sa fintech parisienne, pionnière de la digitalisation du marché des billets de trésorerie et certificats de dépôt.

Fondée en 2018, Onbrane s’impose aujourd’hui comme une infrastructure clé, connectant de manière fluide émetteurs, banques et investisseurs à travers des processus entièrement digitaux.

Onbrane, révolutionner la dette à court terme

Pouvez-vous nous présenter Onbrane ?

Onbrane est une fintech basée à Paris, fondée en 2018. Aujourd’hui, nous sommes la plateforme de référence pour le marché de la dette à court terme — l’un des derniers segments des marchés de capitaux à reposer encore largement sur des processus manuels.

Onbrane offre un point d’accès unique à un paysage fragmenté de marchés de billets de trésorerie (Commercial Paper – CP) et de certificats de dépôt (CD) comprenant, entre-autres, le NEU CP, l’Euro CP, l’US CP, le SEK CP et le Belgian CP. Pour chacun de ces marchés, Onbrane propose des processus standardisés, entièrement digitaux, couvrant la gestion des programmes, la négociation bilatérale, l’émission du papier et les différentes connexions post-transaction. Nous mettons également à disposition des outils avancés de données de marché et d’analyse, qui permettent de faire entrer la prise de décision dans le XXIe siècle.

Aujourd’hui, Onbrane est utilisé par des acteurs majeurs de ce marché, incluant des émetteurs (KfW, Engie, L-Bank, Unédic, SNAM), des banques (Barclays, ING, Société Générale, BNP) et des gestionnaires d’actifs (Exane, AXA), en les aidant à fonctionner de manière plus efficace et à se connecter de façon fluide à l’ensemble du marché.

Comment vous est venue l’idée de créer Onbrane ?

Je viens du monde de la technologie — j’ai commencé comme développeur, puis j’ai occupé les postes de CIO et CTO chez Société Générale CIB, Newedge et au New York Stock Exchange. J’ai donc toujours regardé les marchés de capitaux à travers le prisme des systèmes, de l’architecture et des workflows.

Onbrane est née de la rencontre entre notre équipe technologique et un grand émetteur, venu nous exposer un problème clair : la complexité des processus du secteur et le manque de fournisseurs d’infrastructure. Cette première discussion a donné lieu à une série d’ateliers réunissant émetteurs, intermédiaires, domiciliataires et acteurs d’infrastructure, qui nous ont permis de cartographier le processus de bout en bout.

La conclusion était sans appel : il y avait une place pour une plateforme conçue spécifiquement pour ce marché, non pas de manière isolée, mais en co-construction avec les acteurs du marché. C’est pourquoi nous disons souvent qu’Onbrane est construit avec et pour le marché.

Ce principe continue de guider chacune de nos décisions.

À qui s’adresse votre plateforme ?

Ce qui rend Onbrane unique, c’est qu’elle couvre l’ensemble de l’écosystème du marché primaire de la dette, et non un seul segment.

Les émetteurs — qu’il s’agisse d’institutions publiques, d’entreprises ou d’acteurs financiers — disposent d’un espace dédié pour gérer leurs programmes, publier leurs besoins de financement, négocier directement avec leur intermédiaires et analyser leur performance via notre module de données.

Les intermédiaires — banques et brokers — bénéficient de processus simplifiés et d’une approche plus centralisée de l’intermédiation.

Les investisseurs — notamment les gestionnaires d’actifs — ont un accès transparent aux émissions primaires, accompagnés d’outils pour évaluer les opportunités et suivre le flux de transactions.

Et au-delà de ces acteurs clés, nous avons intégré l’écosystème élargi : domiciliataire, dépositaire, systèmes de trésorerie et de gestion des ordres. Notre objectif est de combler les lacunes opérationnelles qui freinent historiquement ce marché.

Plus récemment, nous avons introduit un nouveau rôle utilisateur dédié aux cabinets de conseil, afin de leur permettre d’apporter leur expertise directement au sein de la plateforme et de contribuer à cette transformation digitale. Des premiers utilisateurs testent déjà cette fonctionnalité.

Qu’est ce qui différencie votre solution ?

Tout d’abord, son périmètre. Onbrane n’est ni une simple plateforme de trésorerie, ni un outil de trading : c’est une infrastructure complète, conçue pour interconnecter tous les acteurs du marché. Cela représente déjà un grand pas en avant.

Ensuite, notre module de négociation redéfinit la manière dont les transactions sont conclues. Le processus traditionnel — dispersé entre emails, appels téléphoniques, vcon, voire fax — est inefficace et peu transparent. Sur Onbrane, les utilisateurs peuvent consulter plusieurs offres, comparer les termes en temps réel et finaliser une transaction, le tout sur une seule interface et en quelques clics. C’est intuitif, rapide et entièrement digital.

Troisièmement, notre système d’intégration post-négociation se connecte de manière fluide aux systèmes internes des clients — qu’il s’agisse de TMS, OMS, domiciliataires ou plateformes de règlement — via des APIs. Cela permet aux transactions conclues sur Onbrane de s’intégrer automatiquement au back office, supprimant les tâches manuelles et réduisant les risques opérationnels.

Enfin, nous proposons le seul module de données entièrement dédié au marché des CP. Il centralise des données issues de sources diverses ainsi que de la plateforme Onbrane pour offrir une source unique de vérité. Les utilisateurs peuvent analyser les tendances historiques, comparer leur performance à celle du marché, voire simuler des scénarios via nos outils de prévision.

Où en est Onbrane dans son développement en 2025, et quelles sont vos grandes priorités stratégiques et technologiques pour cette année ?

2025 est une année charnière pour nous. Nous entrons dans une nouvelle phase d’accélération — technologique, stratégique et organisationnelle.

Côté produit, nous venons de lancer notre première fonctionnalité basée sur l’IA, qui est un véritable game-changer pour les équipes trésorerie. Elle permet d’automatiser le post-trade pour toute transaction CP — même celles négociées en dehors d’Onbrane. Il suffit de copier-coller une confirmation de transaction dans la plateforme. Notre IA l’analyse et structure immédiatement les données, et à partir de là, tout le processus post-trade peut être géré via Onbrane. Nous appelons cela le post-trade mains libres — une avancée majeure pour éliminer le travail manuel et étendre les bénéfices de notre plateforme au-delà des transactions conclues sur celle-ci.

Nous sommes également en train de piloter une initiative industrielle en lien avec l’Union des marchés de capitaux (CMU) et l’Union de l’épargne et de l’investissement, portées par l’UE. Comme vous le savez, l’un des principaux obstacles à la réalisation de la CMU est la fragmentation des marchés. La dette à court terme en est un exemple parfait : un même produit, mais des règles, formats et pratiques différents selon les États membres.

Ce que nous avons construit avec Onbrane — des processus standardisés sur plus de 10 marchés locaux et internationaux — peut servir de modèle. Plutôt que d’attendre une harmonisation réglementaire complète, nous avons créé un mécanisme d’abstraction qui permet aux acteurs de marché d’opérer de façon uniforme, quel que soit le pays. C’est une approche pragmatique de l’intégration, et nous travaillons activement avec la Commission européenne, la BCE et le FSB pour faire converger cette vision.

Si vous voulez avoir plus d’informations sur Onbrane, leur site est accessible https://www.onbrane.com/

Marie-Ange Nodar
Écrit par
Marie-Ange Nodar est rédactrice de contenu pour FinMag, et est l’auteure de plus de 250 publications dans le domaine de la finance et des assurances en France. Au travers de ses interviews exclusives, elle transmet des conseils pratiques pour les professionnels et les particuliers souhaitant mieux comprendre et gérer leurs finances. Marie-Ange est titulaire d’un diplôme spécialisé en commerce international, et a vécu 8 années en Allemagne, avant de revenir s’installer en France.