Bleckwen, l’IA qui s’appuie sur l’analyse comportementale pour aider les banques dans leur lutte contre la criminalité financière

Mise à jour : 17 mai 2025 Temp de lecture : 5 min

Alors que les fraudes financières se multiplient et se complexifient, les banques doivent relever un double défi : protéger efficacement leurs systèmes tout en garantissant une expérience fluide à leurs clients.

C’est sur cette ligne de crête que se positionne Bleckwen, fintech française fondée en 2018. Son CEO, François Saulnier, explique à FinMag comment son entreprise mobilise l’intelligence artificielle et l’analyse comportementale pour aider les institutions financières à détecter les fraudes.

Bleckwen, l’IA qui s’appuie sur l’analyse comportementale pour aider les banques dans leur lutte contre la criminalité financière

Pouvez-vous nous présenter Bleckwen en quelques mots ?

Bleckwen est une jeune société française, fondée fin 2018-début 2019, spécialisée dans la lutte contre la criminalité financière.

Nous développons des solutions logicielles à destination des établissements financiers, avec deux axes majeurs : la détection de fraude dans les paiements, et la prévention de fraude à l’entrée en relation dans les demandes de financement, qu’elles concernent des particuliers ou des entreprises.

À qui s’adressent les solutions Bleckwen ?

Nous accompagnons des grandes banques françaises depuis plusieurs années. Nous y traitons l’intégralité des flux de paiements, avec une détection de la fraude en temps réel sur les virements.

Nous appliquons également cette technologie à la partie financement, pour protéger les branches spécialisées : crédit à la consommation, crédit aux entreprises, leasing, location longue durée ou affacturage. Notre périmètre d’intervention couvre aussi bien les particuliers que les TPE-PME ou les grandes entreprises.

Quels types de fraudes pouvez-vous détecter ?

La fraude prend des formes multiples, selon le produit et le profil du client. D’une manière générale, on va couvrir des fraudes liées à l’identité et des fraudes documentaires. Dans tous les cas, la fraude passe, d’une manière ou d’une autre, par un faux.

Cela pourrait être un fraudeur qui manipule un particulier en situation précaire à l’aide d’un discours bien ficelé, une soi-disant opportunité d’investissement très rentable, par exemple dans les cryptomonnaies, et qui le pousse à contracter un crédit. L’escroc ne sollicite pas le crédit, mais pousse la victime à le faire, dans une logique de manipulation. L’établissement prêteur, lui, ne sait pas qu’il finance une pyramide de Ponzi.

On rencontre également des cas d’usurpation d’identité, avec des papiers récupérés dans des hôtels ou lors de fuites de données. Ces identités sont utilisées pour contracter des crédits auto ou des financements à la rénovation énergétique.

Et puis il y a les fraudes dites “opportunistes” : des personnes exagèrent leurs revenus pour obtenir un prêt, ou se trouvent à la limite de la légalité. Enfin, la “friendly fraud” : par exemple, un enfant qui utiliserait l’identité de ses parents pour souscrire un crédit à leur insu.

Quelles sont les conséquences de ces fraudes ?

Il ne faut pas voir la fraude uniquement comme une perte d’argent. L’argent volé est souvent blanchi et réinjecté dans des réseaux criminels : trafic de drogue, achats de véhicules destinés à transporter des explosifs…

Derrière chaque fraude, il y a potentiellement une chaîne criminelle. C’est pour cela que nous insistons sur la sensibilisation. Attention à la fraude présentée comme un simple “bon plan”. C’est illégal, et c’est une infraction pénale.

Comment intervenez-vous concrètement ?

Notre approche repose sur trois piliers : sensibilisation, connaissance client et analyse comportementale.

Il y a d’abord des vérifications documentaires classiques : pièce d’identité, justificatif de domicile, etc. Mais cela ne suffit plus. Aujourd’hui, les faux sont de meilleure qualité, accessibles en quelques clics grâce à des outils en ligne.

Ce qui fait la différence, c’est l’analyse comportementale. Nous analysons la cohérence globale du dossier : est-ce que la demande est logique par rapport à la situation du client, à sa localisation, à son profil professionnel ? Par exemple, une installation de panneaux solaires est plus crédible dans le sud de la France que dans le nord.

Nous étudions aussi les revenus, les tendances de consommation dans une zone géographique, ou encore les types de produits à la mode, donc plus susceptibles d’être fraudés.

Nous faisons de l’analyse comportementale prédictive grâce à l’IA. Notre objectif est double : réduire la perte financière pour nos clients, tout en assurant une expérience fluide pour leurs utilisateurs légitimes.

Il est crucial de ne pas surcharger les clients honnêtes avec trop de vérifications, ni d’introduire de biais dans nos modèles. On ne peut pas pénaliser une personne simplement parce qu’elle vit dans une zone à risque.

En tant que professionnel de la lutte contre la fraude, quel conseil pourriez-vous donner à une banque qui souhaite renforcer son département anti-fraude ?

Toutes les banques disposent aujourd’hui d’un département dédié à la lutte contre le crime financier, que ce soit pour la fraude ou le blanchiment. Elles ont souvent déjà des solutions en place. Le véritable enjeu, c’est de bien mesurer leur exposition à la fraude.

Il faut également caractériser précisément ce qu’on considère comme frauduleux. Par exemple, un client qui embellit légèrement sa situation financière, ce n’est pas la même chose qu’une fraude organisée. Mais dans les deux cas, cela peut conduire à du surendettement, et cela engage la responsabilité de la banque.

Les fraudeurs sont aujourd’hui beaucoup plus outillés, et les volumes de tentatives de fraude augmentent. Or, les banques doivent continuer à accorder des crédits, à acquérir de nouveaux clients… C’est là que l’automatisation devient essentielle. Elle permet de trouver le juste équilibre entre protection de l’établissement, de ses clients, et efficacité commerciale.

Il faut à mon sens combiner plusieurs approches. La vérification documentaire est utile, mais insuffisante. L’open banking peut renforcer la connaissance client, mais est encore mal accepté car trop intrusif.

Notre solution s’intègre discrètement dans les parcours, un peu comme un pare-feu : invisible pour l’usager, mais actif en permanence.

Quelles sont vos perspectives pour 2026 ?

Nous voulons continuer à améliorer la performance de nos solutions chez nos clients actuels, mais aussi nous développer à l’international. Certains pays où le taux de bancarisation est encore faible ont des besoins importants en matière de connaissance client, et notre technologie peut vraiment faire la différence.

Nous travaillons aussi à automatiser encore davantage les tâches des analystes fraude. L’idée, c’est de les aider à se concentrer sur les dossiers les plus sensibles, en réduisant le temps perdu sur des cas sans risque. C’est un gain d’efficacité énorme pour les équipes antifraude.

Si vous voulez avoir plus d’informations sur Bleckwen, vous pouvez les suivre sur https://fr.linkedin.com/company/bleckwen

Marie-Ange Nodar
Écrit par
Marie-Ange Nodar est rédactrice de contenu pour FinMag, et est l’auteure de plus de 250 publications dans le domaine de la finance et des assurances en France. Au travers de ses interviews exclusives, elle transmet des conseils pratiques pour les professionnels et les particuliers souhaitant mieux comprendre et gérer leurs finances. Marie-Ange est titulaire d’un diplôme spécialisé en commerce international, et a vécu 8 années en Allemagne, avant de revenir s’installer en France.