Blobb.io : du minage de bitcoin à l’optimisation énergétique mondiale

Blobb.io : du minage de bitcoin à l’optimisation énergétique mondiale

Mise à jour : 3 juillet 2025 Temp de lecture : 4 min

Florent Gabriel, co-fondateur et CEO de Blobb.io, s’est donné pour mission de rendre le minage de bitcoin à la fois rentable, durable et transparent. Dans cet échange avec FinMag, il nous explique le fonctionnement de sa solution, les profils d’investisseurs ciblés, les perspectives de rentabilité et comment ses machines s’intègrent aujourd’hui aux infrastructures énergétiques de demain.

Blobb.io : du minage de bitcoin à l’optimisation énergétique mondiale

En quelques mots, qu’est-ce que Blobb.io ?

Blobb.io, c’est une solution clé en main pour investir dans le minage de bitcoin, à partir de 10 000 €. Mais plus encore, nous sommes des chercheurs d’or numérique. Concrètement, nous cherchons partout dans le monde des surplus d’énergie disponibles : en Islande, aux États-Unis, au Kazakhstan, en Finlande, et bientôt en Éthiopie.

Ces excédents proviennent de barrages hydroélectriques, de la géothermie, ou du réseau national, comme en Finlande. Une fois cette énergie identifiée, nous fabriquons ou collaborons avec un data center partenaire pour y héberger des machines de minage, dont nous assurons la maintenance et le suivi. Mon associé Julien Femery et moi-même venons du monde technique, ce qui nous permet de concevoir des sites de minage de A à Z.

À qui s’adresse votre solution ?

Elle s’adresse principalement à des profils avertis : entrepreneurs, investisseurs privés, fonds d’investissement, family offices, ou encore gestionnaires de patrimoine. Le ticket d’entrée à 10 000 € limite l’accès à des particuliers très engagés, car le minage reste un investissement de niche, à la fois rentable… et risqué. C’est un produit qui séduit surtout une clientèle CSP+, déjà familière des produits alternatifs.

De quel niveau de rentabilité parle-t-on ?

Cela dépend du profil de risque de l’investisseur. Certains visent des rendements élevés, de l’ordre de 200 à 400 % par an, mais avec une prise de risque considérable. Pour un minage plus prudent, typé “bon père de famille”, on est actuellement sur une rentabilité nette annuelle d’environ 50 %.

Mais attention : cette rentabilité est directement corrélée au prix du bitcoin. Si le marché chute, la rentabilité chute aussi. C’est un investissement qui suit le cours de la crypto.

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est une machine de minage ?

Une machine de minage a pour mission de sécuriser la blockchain, qui est un grand registre décentralisé listant toutes les transactions en bitcoin. Pour valider chaque “page” de ce registre, il faut trouver un code cryptographique, une sorte d’énigme. Et ce sont ces machines qui s’en chargent, en testant des millions de combinaisons.

La première à trouver la bonne solution valide la page, reçoit les frais de transaction… et une récompense en bitcoin. Mais cette création monétaire diminue avec le temps : le nombre total de bitcoins est plafonné à 21 millions, et ce processus prendra fin en 2140.

Pourquoi faire appel à vos services plutôt que de miner soi-même ?

On me demande toujours s’il vaut mieux acheter du bitcoin ou en produire. Je réponds que posséder l’imprimante à billets rapportera toujours plus que d’acheter le billet.

Mais miner chez soi est peu viable. En France, l’électricité coûte environ 0,25 €/kWh, ce qui rend le minage souvent déficitaire. De plus, les machines sont bruyantes (90 dB), dégagent de la chaleur, et requièrent des compétences en électrotechnique. Beaucoup s’y sont essayés… et ont vite abandonné.

Nous nous occupons de tout : nous cherchons l’électricité la moins chère dans les zones les plus sûres, nous installons et gérons les machines, et prenons pour cela 10 % de la rentabilité nette. Une machine qui génère 600 à 700 € par mois, avec seulement 140 € de coût électrique, permet à l’investisseur de réaliser des marges plus importantes sans les tracas.

Et qu’en est-il de la transparence ?

C’est un élément clé de notre modèle. Les machines appartiennent aux clients : ils ont leur numéro de série, peuvent les amortir comptablement sur 3 ans, déduire les charges d’électricité… et surtout suivre en temps réel les performances, grâce à la blockchain. Pas de tableau Excel ni de PDF : les résultats sont auditables en direct, ils ont accès à leur machine.

Quels sont vos projets en cours et à venir ?

Notre plus gros projet actuel est en Finlande. Là-bas, les villes se chauffent encore avec des chaudières à bois ou à tourbe, ce qui coûte environ 0,05 €/kWh à l’usine de chauffe. Nous leur proposons une alternative : nous achetons de l’électricité décarbonée sur le réseau national (à 0,06-0,07 €/kWh), nos machines consomment cette électricité et rejettent 99 % de l’énergie sous forme de chaleur, que nous revendons pour chauffer la ville via un circuit de refroidissement au glycol intégré à l’usine.

Résultat : les coûts de chauffage baissent de 50 %, et les émissions de CO₂ tombent à zéro (sauf 2-3 mois par an). Nous ambitionnons de remplacer toutes ces cheminées et chaudières polluantes en Finlande.

Nous avons aussi un projet majeur en Éthiopie, derrière le barrage de la Renaissance (l’un des plus grands au monde), et un autre à l’étude au Texas, aux États-Unis. Ce dernier site, de 200 MW, servira à équilibrer le réseau électrique de l’énergéticien ERCOT. En cas de pics ou creux de production renouvelable, nous nous “éteignons” ou consommons à la demande. C’est ce qu’on appelle du load balancing, un service critique car l’électricité ne se stocke pas facilement.

Le bitcoin, c’est finalement notre porte d’entrée. Mais derrière, notre métier, c’est aussi de valoriser de l’énergie excédentaire, de produire de la chaleur utile, et de contribuer à la stabilité des réseaux électriques. C’est là que se joue l’avenir du minage, et notre ambition chez Blobb.io.

Si vous voulez avoir plus d’informations sur Blobb.io, leur site est accessible https://www.blobb.io/

Marie-Ange Nodar
Écrit par
Marie-Ange Nodar est rédactrice de contenu pour FinMag, et est l’auteure de plus de 250 publications dans le domaine de la finance et des assurances en France. Au travers de ses interviews exclusives, elle transmet des conseils pratiques pour les professionnels et les particuliers souhaitant mieux comprendre et gérer leurs finances. Marie-Ange est titulaire d’un diplôme spécialisé en commerce international, et a vécu 8 années en Allemagne, avant de revenir s’installer en France.