Algoan 2024 : les pionniers de l’Open Banking pour une évaluation de crédit éthique en Europe

Mise à jour : 28 avril 2024

FinMag rencontre aujourd’hui Michael Diguet , CEO de Algoan, une fintech européenne à la pointe de la technologie financière. Fondée en 2018 à Paris, Algoan repousse les frontières de l’Open Banking pour rendre le crédit plus accessible et responsable.

Par Marie-Ange Nodar

Algoan 2024 : les pionniers de l’Open Banking pour une évaluation de crédit éthique en Europe

Présentez-nous Algoan ?

Algoan, c’est l’alliance de l’algorithme et du prêt, soit des algorithmes au service de la décision de crédit. Fondée en 2018 à Paris avec mon cofondateur Paul Peyré, Algoan est une fintech européenne dont la mission est de faciliter l’accès au crédit de manière responsable. Notre approche consiste à fournir une API de notation de crédit plus performante que les solutions actuelles, en utilisant l’intelligence artificielle et en exploitant l’Open Banking.

Cette démarche s’inscrit parfaitement dans notre objectif sociétal visant à rendre le crédit plus accessible et plus responsable. Elle nous permet de mieux cibler les individus capables de rembourser leurs emprunts, tout en étant plus inclusifs. Par exemple, nous pouvons aider les prêteurs à prêter à des jeunes ou des locataires célibataires, qui, aujourd’hui, sont souvent exclus du crédit.

Dans d’autres pays européens, notre approche permet également d’octroyer des prêts aux personnes comptant peu d’antécédents, communément appelés “thin files”. Dans ces pays, les décisions de crédit reposent souvent sur les informations collectées par les bureaux de crédit tout au long de la vie d’un consommateur. Les immigrants et les jeunes n’ont pas toujours d’historique de crédit, ce qui les empêche d’accéder au crédit.

Grâce à l’Open Banking, nous favorisons grandement l’inclusion dans l’accès au crédit. De plus, notre approche protège contre le surendettement, car lorsque nous analysons les comptes bancaires, nous sommes en mesure de repérer rapidement les signes d’une spirale de dettes et de décourager de nouveaux emprunts lorsque la situation l’exige.

Quels types d’aide proposez-vous aux prêteurs ?

Il s’agit d’une API de notation de crédit. L’utilisateur partage ses relevés bancaires via l’Open Banking, ce qui nous donne accès à ses transactions, y compris les montants, les libellés, etc. Nous analysons ces données pour fournir aux prêteurs des informations sur les revenus, les charges régulières, le reste à vivre, le taux d’endettement, ainsi que tout signe négatif éventuel dans les comptes. Cela permet aux prêteurs d’effectuer une évaluation de la solvabilité, c’est-à-dire de vérifier si la personne a les moyens de rembourser sa mensualité.

La deuxième composante est un score, noté de 0 à 1000, calculé par des algorithmes d’intelligence artificielle. Ce score évalue le comportement budgétaire de la personne, en se penchant sur ses habitudes de gestion financière. Par exemple, quelqu’un qui dépense de manière excessive sans tenir compte de ses revenus obtiendra un score moins élevé qu’une personne plus prudente, qui adapte ses dépenses à ses revenus. Ce sont ces deux éléments combinés que nous mettons à disposition des prêteurs.

Que sont les données Open Banking ?

L’Open Banking est une technologie émergente qui se répand à travers le monde. En Europe, ce qui la distingue, c’est que son développement est soutenu par des réglementations. C’est le régulateur européen qui en fixe les règles. Le principe fondamental de l’Open Banking repose sur la propriété des données bancaires par les consommateurs.

Autrement dit, si vous êtes client d’une banque X, les données de votre compte bancaire vous appartiennent, et vous avez le droit d’en disposer à votre convenance. Les banques sont ainsi contraintes par la loi de mettre à disposition des API permettant le partage des données bancaires, mais cela se fait toujours avec le consentement de l’utilisateur, une étape cruciale dans le processus.

Quelle forme prend ce consentement que vous évoquez ?

Pour illustrer le processus, prenons l’exemple courant d’une demande de crédit immobilier, même si ce n’est pas nécessairement notre domaine principal d’activité.

Lorsque vous sollicitez un crédit immobilier, à un moment donné, il est requis de fournir les relevés de compte bancaire des trois derniers mois. Imaginez que vous initiez la demande de prêt en ligne. Sur le parcours utilisateur, vous verrez un bouton pour connecter vos comptes. Ce bouton est souvent étiqueté “Partager mes comptes”, et tout y est clairement expliqué, détaillant ce que vous partagez, la manière dont cela se fait, etc. Vous basculez ensuite vers votre application bancaire, où vous vous authentifiez et validez le partage de vos comptes. Cela ressemble beaucoup aux processus de paiement actuels, où il faut également donner son accord dans l’application bancaire.

Cette démarche est entièrement numérique, les données sont automatiquement récupérées , sans qu’elles n’aient besoin de transiter par des documents physiques.

Que permettent ces données Open Banking ?

Cela représente un changement majeur, car ces données sont d’une richesse considérable. Parmi les nombreux cas d’utilisation possibles, prenons le cas d’une demande de prêt à la consommation. En France, nous n’avons pas de bureau de crédit, ce qui signifie que lorsque vous demandez un crédit, vous êtes évalué en fonction de ce que l’on appelle des scores socio-démographiques. Vous fournissez des informations telles que votre âge, votre lieu de résidence, votre type de contrat de travail (CDI, CDD), votre profession, ainsi que le nombre de crédits que vous détenez, vos mensualités, etc. Tout cela repose largement sur des déclarations personnelles, et vous êtes évalué en fonction de ces informations. Si vous passez cette étape, on vous demandera ensuite de fournir quelques documents pour vérifier et valider certaines informations déclarées auparavant. Ce système présente des lacunes, car certaines informations sont déclaratives et ne peuvent pas être vérifiées. Comme il fonctionne imparfaitement, les banques doivent souvent être très prudentes et exclusives, rejetant systématiquement les demandes de certains groupes de personnes, comme les moins de 28 ans, les célibataires locataires, les travailleurs en CDD, etc.

Grâce à l’Open Banking, cette situation est sur le point de changer de manière significative. En examinant des données très factuelles, il est désormais relativement facile de déterminer si une personne est en mesure de rembourser un crédit. Ce changement est également plus éthique, car il repose sur des données concrètes. De plus, de part notre activité, nous sommes soumis à des règles strictes concernant les critères que nous pouvons utiliser dans notre score, garantissant une pratique responsable de la prise de décision crédit. Pour donner un exemple concret, prenons les jeux d’argent. Ils sont fortement corrélés au risque de crédit. Les personnes qui jouent régulièrement ont un risque de crédit plus élevé que celles qui ne jouent pas. Cependant, dans un score automatisé, il est interdit de prendre en compte cette information. Cela est permis uniquement lorsque la décision est prise par un être humain.

Quels sont vos axes de développement ?

Nous avons été, avec un concurrent anglais, les inventeurs de ce sujet. Notre présence est plus européenne, car nous disposons de grandes banques européennes en France que nous comptons parmi nos clients.

En 2018, lorsque nous avons lancé cette initiative, l’Open Banking était déjà bien établi en Angleterre. Cependant, nos débuts n’ont pas été faciles, car il a fallu convaincre et expliquer en détail aux banques que l’Open Banking était l’avenir. Aujourd’hui, il n’y a plus de doute à ce sujet, et il s’agit d’un mouvement global dans toute l’Europe pour les décisions de crédit.

Ce processus prend du temps, principalement en raison de la taille des grandes banques et de la complexité de la mise en place de nouveaux projets. Cependant, l’Europe se dirige clairement vers l’adoption généralisée de l’Open Banking pour les décisions de crédit. Certains pays, comme le Danemark, en ont déjà généralisé l’utilisation, représentant quasiment 100 % des volumes de crédits.

Les régulations européennes encouragent cette transition, ce qui laisse entrevoir d’excellentes perspectives de développement pour nous en Europe. Il existe une véritable adéquation avec le marché, ainsi qu’une demande réelle.

Ce qui nous motive énormément, en tant que petite entreprise, ce sont nos partenariats stratégiques. Cette année, nous avons signé un partenariat avec Mastercard, qui s’articule autour d’un déploiement à l’échelle européenne. Mastercard nous ouvre les portes du marché européen, en commençant par l’Espagne. Notre objectif est d’étendre notre présence dans toute l’Europe. À l’heure actuelle, nous sommes présents en France, où nous avons quasiment conquis l’ensemble du marché. Nous sommes également établis en Angleterre, en Espagne et en Belgique. Notre couverture concerne principalement l’Europe de l’Ouest, et nous prévoyons bientôt d’entrer sur les marchés allemand, italien et portugais.

Si vous voulez avoir plus d’informations sur Algoan, leur site est accessible https://www.algoan.com/ ou vous pouvez les suivre sur https://fr.linkedin.com/company/algoan

Marie-Ange Nodar
Écrit par
Basée dans le Sud-Ouest, elle décrypte pour vous les actualités financières.