Kriptown 2024 : Une solution unique en France, bientôt bourse paneuropéenne des PME

Mise à jour : 30 janvier 2024

FinMag rencontre aujourd’hui Mark Kepeneghian, président et fondateur de Kriptown, la plateforme de tokenisation d’actifs active depuis 2018 en France, avec une vision claire : devenir la bourse paneuropéenne des PME. Dans cette interview, nous plongeons dans leur parcours et leurs innovations dans le secteur de la tokenisation d’actifs réels en euros, ainsi que leurs projets audacieux pour transformer l’accès au financement des petites et moyennes entreprises.

Par Marie-Ange Nodar

Kriptown 2024 : Une solution unique en France, bientôt bourse paneuropéenne des PME

Pouvez-vous nous présenter Kriptown ?

Kriptown est une plateforme de tokenisation d’actifs opérationnelle depuis 2018, et enregistrée en France en tant que PSAN (Prestataire de Services en Actifs Numériques). Nous agissons également en tant qu’agent d’émetteur de monnaie électronique.

Depuis notre création, notre objectif chez Kriptown a été de résoudre un problème majeur en France : la difficulté des PME à accéder à des fonds propres. De nombreuses PME, notamment en région, ont du mal à trouver des investisseurs ou à obtenir des financements adéquats. D’un autre côté, les investisseurs sont confrontés à des obstacles que peuvent représenter le deal-flow, la liquidité limitée, l’accessibilité restreinte, et le besoin de digitalisation.

L’idée sous-jacente de Kriptown est simple : si nous pouvons digitaliser le processus, créer un marché secondaire offrant une meilleure liquidité, nous pouvons améliorer l’environnement pour les investisseurs souhaitant soutenir l’économie des PME, et proposer une solution viable et durable aux PME. Kriptown est la plateforme qui concrétise cette vision.

Aujourd’hui, nous réalisons la tokenisation d’actifs via des actifs numériques. Pour les PME, cela équivaut à une augmentation de capital, tandis que les investisseurs achètent des actifs numériques émis par une entité appelée Vault. Ils ont accès à la fois au marché primaire et secondaire, tandis que les PME reçoivent leurs fonds en euros. Jusqu’à présent, nous avons financé une vingtaine de start-up et de PME de cette manière.

Notre prochain objectif est de devenir une bourse paneuropéenne pour les PME dans le cadre du Règlement DLT Pilote Régime. Nous croyons fermement qu’il existe de nombreuses entreprises exceptionnelles en France et en Europe,  qui ont pourtant du mal à trouver des financements pour diverses raisons, et nous sommes prêts à relever ce défi. Par exemple, imaginez une PME située dans les Hauts-de-France souhaitant réindustrialiser et créer une usine en France, en internalisant sa chaîne de sous-traitance. Ces projets nécessitent plusieurs millions d’euros et sont indispensables pour notre économie, mais ils ne génèrent pas nécessairement une croissance immédiate de l’EBITDA, ce qui les rend moins attrayants pour de nombreux investisseurs.

Les banques peuvent offrir un financement sous forme de dette pour ce type de projet, mais l’apport de fonds propres en amont rend l’opération plus réaliste et permet de diminuer le risque ainsi que le taux. Cependant, elles ne couvrent pas l’ensemble du besoin en fonds propres.

Nous comptons nous appuyer sur le PEA-PME et les fonds Small Caps pour faciliter ce financement en proposant un plus grand nombre de PME listées.

La raison d’être de Kriptown est de permettre aux PME de réindustrialiser et de les aider à croître pour devenir des entreprises de taille intermédiaire (ETI). En France, il y a toujours eu un plafond de verre pour les PME souhaitant devenir des ETI, et nous sommes convaincus que les fonds propres sont la clé pour briser cette barrière.

Qu’apportez-vous de novateur dans le marché ?

Aujourd’hui, Kriptown se distingue en tant que seule plateforme permettant la tokenisation d’actifs réels en euros. Nous avons rendu possible l’acquisition d’actifs numériques pour les investisseurs, avec un investissement minimum de seulement 1 €.

De plus, nous offrons un accès dès le jour suivant le financement, à un marché secondaire. Cela comprend un carnet d’ordres et une exécution de livraison instantanée, le tout en euros. À ce jour, nous sommes les seuls à proposer cette solution sur ce type d’actifs.

Ce qui fait véritablement notre originalité, c’est notre approche combinant à la fois l’émission,  le marché secondaire et le règlement-livraison. Actuellement, nous réalisons cela avec des actifs numériques, mais nous avons des projets pour étendre cette offre aux actions dans le cadre du DLT Pilote Régime.

Kriptown s’adresse à un marché européen, mais notre principal point de concentration est la France.

Actuellement, votre fonctionnement repose sur des actifs numériques. Quels autres produits mettez-vous à la disposition de vos utilisateurs ?

Nous avons lancé une offre qui répondait à une demande du marché, que nous avons consolidée avec une nouvelle proposition baptisée Kassis. Kassis permet aux entreprises de détenir leurs propres actifs numériques, leurs tokens, sans les émettre dans l’objectif d’obtenir du financement. Cela constitue une opération comptablement neutre mais dilutive. Une fois ces actifs en leur possession, les entreprises peuvent les distribuer à diverses parties prenantes, telles que leurs employés, fournisseurs, freelances, ou clients, et créer ainsi des programmes d’incentives “nouvelle génération”, simples à mettre en place. Kassis modernise l’épargne salariale et les programmes de fidélisation, en les rendant plus tangibles et accessibles.

Cette offre est assez unique, car elle crée, pour ainsi dire, un marché, ce qui implique à la fois des défis à relever, mais aussi une grande excitation. Notre objectif est de fournir aux entreprises un outil qui permet une diffusion à grande échelle en quelques clics, ce qui favorise une large adoption. Les bénéficiaires de ces tokens, lorsqu’ils les reçoivent, peuvent les gérer sur notre plateforme, observer leur valeur, les vendre si besoin, ou les utiliser pour des produits spécifiques mis en place par l’entreprise. Cela crée une véritable économie au sein de l’entreprise.

Nous sommes encore aujourd’hui l’une des rares, voire la seule plateforme en Europe spécialisée dans la tokenisation d’actifs réels. Nous avons bâti notre propre infrastructure technologique, qui couvre le marché primaire, le règlement-livraison, le système de correspondance (matching), le marché secondaire. Au vu de la montée en puissance de la tokenisation, nous avons décidé d’ouvrir notre technologie aux acteurs souhaitant eux aussi tokeniser des actifs réels, tels que des œuvres d’art, par exemple. Nous collaborons avec ces acteurs pour mettre à leur disposition notre expertise et notre infrastructure, facilitant ainsi le processus,  et leur évitant de tout devoir reconstruire, comme nous l’avons fait en cinq ans.

Et quel est votre souhait pour Kriptown ?

Depuis que nous avons imaginé Kriptown en 2016, notre objectif initial a toujours été de devenir la bourse paneuropéenne des PME. Nous ne sommes pas encore parvenus à cette réalisation. Ce que nous faisons actuellement, c’est du financement en utilisant des actifs numériques. Contrairement à une véritable bourse, les investisseurs n’achètent pas d’actions. Bien que cela fonctionne bien, c’est aussi limitant, à plusieurs niveaux .

Pour parvenir à notre objectif, nous nous engageons dans un nouveau règlement européen qui a été publié l’année dernière et est rentré en vigueur depuis mars de cette année. Il s’agit du régime pilote DLT, qui crée le statut DLT TSS. Cet agrément nous permettra de fonctionner comme une vraie bourse.

La différence majeure réside dans le fait que les PME auront accès à nous via leur banque. Il s’agira d’une véritable IPO (Introduction en Bourse), et les investisseurs pourront acheter directement des actions via leur PEA-PME. Cela signifie que les investisseurs n’auront pas besoin de connaître Kriptown pour investir dans des actifs numériques. Ils pourront simplement se rendre sur la plateforme de leur banque, que ce soit leur PEA-PME, leur PEA, ou leur compte-titres, et investir dans les sociétés que nous hébergeons, tout comme ils le feraient pour les sociétés au CAC 40.

L’objectif est de mettre l’accent sur la société émettrice pour attirer les investisseurs, et non Kriptown qui est une infrastructure qui se veut la plus transparente possible. C’est un changement majeur pour nous, et nous nous orientons résolument vers ce nouveau modèle, qui, nous l’espérons, sera mis en place l’année prochaine.

Si vous voulez avoir plus d’informations sur Kriptown, leur site est accessible https://www.kriptown.com/ ou vous pouvez les suivre sur https://fr.linkedin.com/company/kriptown

Marie-Ange Nodar
Écrit par
Basée dans le Sud-Ouest, elle décrypte pour vous les actualités financières.